Il suffit d’un instant

– À T. –
– À ce triste pays que je vois s’enliser… –

Il suffit d’un instant pour être délesté

De ce que l’on avait honnêtement gagné,

Malgré ce serviteur, fidèle s’il en est ;

Ce fringant destrier aux éclats argentés

Qui sillonnait la ville et vous en évadait,

Vous ramenant toujours aux portes du foyer.

Il suffit d’un instant pour être dépouillé,

Comme aux temps reculés jalonnant notre histoire ;

Ces époques barbares si souvent décriées

Où malandrins en nombre venaient vous détrousser,

Brigands dissimulés dans de sombres forêts,

Bandits de grands chemins sans peur et sans pitié.

Il suffit d’un instant presque inimaginable

Pour que la force hostile et la brutalité

Gratuite se déchaînent contre un être isolé,

Désarmé, vulnérable ; expérience palpable ;

Trois contre un c’est facile, et vraiment pitoyable

Si l’on a ne serait-ce qu’un peu de dignité !

Il n’est pas conseillé d’aller seul aujourd’hui

Dans des lieux délaissés, lorsque tombe la nuit,

Au risque prévisible de devenir la cible

De tant de tristes sires à l’affût d’un butin.

Quelle époque sinistre pour les âmes sensibles ;

La lune en ses quartiers est le muet témoin

De crimes et délits se succédant sans fin.

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2 commentaires

  1. Oui, chère poétesse, il y a ces brigands en col blanc ou ceux de chemins qui égratignent notre existence.
    Les vertueux, les chevaliers à la rose n’ont qu’à bien se tenir…
    Heureusement, les mots, vos rimes, sont un rempart qui protègent nos valeurs, nos idéaux…
    Je suis épaté que vous ayez pu si bien écrire sur un tel sujet…
    Merci de ce réconfort que je n’attendais pas sous cette forme.
    Je vous embrasse.
    T.L.-C.

    1. Merci à vous ! Je ne pensais pas non plus écrire sur ce sujet, mais l’angoisse et la colère qu’un tel choc peut générer, même à distance, peuvent avoir des conséquences insoupçonnées…

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