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Merci aux poètes et poétesses d’avoir accepté de partager quelques uns de leurs écrits sur cette page.

L’arbouse, l’harmonie des contraires

la tradition le savait bien,
à peine dans la bouche,
la délicate saveur de l’arbouse
s’évanouit,
                          dans l’instant,


                               ta lèvre et ton souffle chaud
                               effleurant mon visage,
                               la caresse d’une main
                                                       sur ma hanche


ne laissant qu’une trace
furtive
qui s’anéantit en moi,

                                ride imperceptible sur l’étang,
                                éclair d’un oiseau sur le ciel gris,
                                coup de cloche esseulé au matin,
                                bref soupir,
                                écho d’un haïku perdu ou rêvé


à son tour, la pulpe du fruit
se défait sur ma langue
comme un sorbet, une bulle
ou la brume du matin,

                                                  comme parfois, d’un coup,
                                                              la vie ou le bonheur


aussi, on prend toujours
avec espoir et crainte
l’arbouse entre ses doigts,
assuré du plaisir
          et de la déception

fruit humble et dédaigné
de  l’arbre qui porte en hiver,
en même temps,
ses fleurs sans parfum
et ses baies écarlates,
    si étonnantes, si fragiles,

                   et dont, comme un dernier pied de nez,         
                   il sort un miel presque noir,
                   et, sans nul doute,
                                               le plus amer du monde


Poème de Jped
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Un rien d’éternel

Ce soir-là il soufflait un pur vent de légende
Dans nos coeurs résonnait le hurlement des loups
sur fond de brume bleue Et les bonheurs jaloux
tremblaient face à l’amour qui s’ouvrait en offrande

Or les premiers flocons tombèrent Comme étoiles
nous les vîmes briller virevolter danser
Sur le chemin là-bas déjà presque effacé
le destin s’éloigna transis jusques aux moelles

Par instants une lune arrachée aux abysses
apparaissait Lune obscure dont un miroir
ne fut témoin En nous la beauté vint asseoir
un royaume secret que tressent les délices

Le deuil de nos espoirs suivit la biche blanche
qui traverse le seuil des jours qui ne sont plus
Quelle flamme soudain Quel parfum d’absolu
Le siècle noir s’était pendu à quelque branche

Puis tendrement la nuit étendit son mystère
Nous fîmes halte Ici nulle angoisse mais l’or
d’un sourire promis à vaincre toute mort
Un baiser de son aile effleura notre Terre


Poème de M. de Saint-Michel
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L’été s’en va

Regarde là-bas

L’été s’en va

Dans un champ de maïs décoiffé

Toutes fleurs aux vents

Emportant avec lui

Son collier de chants d’oiseaux

Et ses ciels aux yeux de flore

Regarde ici

Les branches lourdes

Du pommier qui offrent

Ses fruits rouges

À l’automne qui vient

Avec sa tête de citrouille

Regarde-la

La belle naïve

L’été s’en va

Laissant au hasard

Des saisons

Les baisers sucrés

Que les enfants cueilleront

Sur le chemin des écoliers

L’été s’en va

Caressant le potager

D’une lumière paresseuse

Et je reste là au balcon

Avec le cœur soufflé

Vers l’horizon

Comme une bulle de savon


Poème de Julien Hoquet
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Nord Finistère

…et je garde de toi les Abers bleu-de-gris
sous les lumières d’octobre la métaphore des vents
le silence des nuits claires l’horizon menaçant
aux frontières qu’il veut libres…


il reste dans mes textes un peu de poussière ocre
au creux d’un vieux miroir le désordre baroque
les aspérités rauques d’un chant de cap-hornier
quand la voix se fait ivre

et gercés sur mes lèvres les glavioù du printemps
le goût froid des absences des kerreg et des vagues
que ma langue apprivoise inévitablement
au cœur des heures de givre

sur le dos de mes mains gravés les estuaires
qui se joignent à tes mers où mon sang coule encore
le craquement de mes os c’était celui des barques
perdues à la dérive

sous mes pieds danse encore le ballet des brisants
chorégraphie de sel orchestre du ressac
étincelant le ciel houleusement s’endort
et ploie de rêve en rive

et j’emporte avec moi les îles vigilantes
de rafales en toennoù-mor de lande en reverzhi
où la vie est voyage l’amour est Penn-ar-bed
les souvenirs aod vev…


Poème de Anwen

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Déjà

Les poings fermés dans le berceau
Tu offrais ton sourire aux anges
Et moi, penché, l’air un peu sot,
J’aurais voulu que rien ne change.

Ton arrivée ? Mon espérance.
Pour chanter la joie qui exulte,
J’avais écrit pour ta naissance
Mon premier poème d’adulte.

Je m’étais alors bien promis
Comme, je crois, tous les papas
De boire à chaque instant permis
De suivre chacun de tes pas.

Pourtant, à peine ai-je ravi
Quelques arpents mal assurés
Aux pentes ardues de la vie,
Que je te contemple effaré.

Au dernier jour de tes études.
Tu te tiens, courageuse et fière,
Prête à briser les certitudes
Et à repeindre l’univers.

Même si la vie a parfois
De bien étranges raccourcis
Et si tes rires d’autrefois
Manquent à mon cœur endurci

Sache ma fille, en cet instant,
Que ton père est béni de toi
Qu’il t’aime comme au premier temps
Aux premières larmes de joie.


Poème de Mr Strangeweather
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